Les membres du groupe « Nass El Ghiwane » ont foulé la scène du Festival International de Hammamet le dimanche 27 juillet,
forts de plus de cinquante ans d'expérience artistique engagée, ont transporté le public de la 59e édition dans une mémoire artistique et collective encore vivante dans ses moindres détails. Issu d'une génération diversifiée, le public a renoué avec des textes musicaux qui continuent de toucher l'âme, d'éveiller les consciences et de parler à l'humanité.
Les chansons interprétées par le groupe au cours de la soirée étaient des récapitulations réfléchies des étapes clés de leur discours artistique. Le spectacle s'est ouvert sur « Allah Ya Mawlana », un hymne soufi devenu symbole d'espoir populaire depuis les années 1970, une supplication humaine ouverte à toutes les significations.
La cause palestinienne était présente , avec la chanson « Sabra et Chatila », où le temps s'est arrêté un instant pour revenir à un massacre témoignant de l'incapacité du monde à protéger les droits les plus fondamentaux. Sans slogans ni discours direct, la chanson exprimait la douleur de la terre occupée et a gravé une blessure ouverte dans la mémoire arabe, une blessure qui n'a pas cicatrisé, surtout au vu des massacres, des déplacements et de la famine subis par la bande de Gaza assiégée, dans le silence du monde.
Le groupe a non seulement réinterprété son héritage tel qu'il était, mais a également intégré de nouveaux instruments tels que l'oud, le nay et le riq, une démarche qui a enrichi l'aspect mélodique et ajouté de la diversité musicale sans compromettre l'essence même de l'expérience. Cet équilibre entre fidélité à l'original et ouverture à l'innovation était présent à chaque instant de la performance, renforçant la vitalité du projet Ghiwani et sa capacité à perdurer sans devenir un simple souvenir artistique.
La soirée Ghiwani du Festival international de Hammamet a révélé la profondeur des similitudes culturelles maghrébines en termes de rythmes soufis, de contenu social et de réception et d'interaction avec l'art engagé. La mémoire collective semblait être une, porteuse des mêmes thèmes, même si les dialectes différaient.